Qu'est ce que la famille ? - LES ÉLECTIONS ET LA FAMILLE
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- Publication : lundi 1 octobre 2012 15:52
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LES ÉLECTIONS ET LA FAMILLE
Nous avons adressé en février, sur ce thème, à 1450 de nos correspondants, adhérents ou sympathisants, un questionnaire à la fois long, car les urgences sont nombreuses, et compliqué, voire embrouillé, à l'image de la situation des familles dans notre société.
L'objet de ce questionnaire était double :
L'un était de savoir s'il fallait, dans l'action que nous menons pour alerter l'opinion sur la nature et la portée des menaces qui pèsent sur la famille et, par voie de conséquence, sur notre société tout entière, concentrer notre effort, pendant la période électorale, sur la question du « droit à l'enfant » que certains revendiquent pour les couples homosexuels.
L'autre était de déterminer un ordre des urgences dans la mise en œuvre d'une restauration de la politique familiale.
Les homosexuels et l'adoption
La réponse de nos correspondants à cette question est sans ambiguïté : pour 543 questionnaires dépouillés, 457 soit 84 %, disent que nos interventions auprès des candidats doivent être centrées prioritairement sur la réponse qu'ils donnent à la revendication du droit à l'adoption pour les homosexuels.
Parmi eux 436, soit 95 %, souhaitent que Famille et Liberté recommande de ne pas voter pour les candidats qui n'auraient pas pris l'engagement de s'opposer à une telle mesure.
Ces majorités très importantes ne sont certainement pas dues à la crainte de voir les adoptions par des homosexuels (ou les procréations assistées) se multiplier dans notre pays si elles étaient autorisées, mais à l'effroi qu'inspire l'idée de subordonner l'intérêt de l'enfant à un besoin de reconnaissance qu'aucune loi ne saurait d'ailleurs satisfaire.
Les réponses négatives à ces deux questions ont été suffisamment souvent motivées pour que l'on puisse identifier leur motif le plus fréquent : pour la première question, c'est le sentiment qu'il ne faut pas délaisser les autres urgences, et pour la seconde la volonté de laisser les électeurs déterminer eux-mêmes les avantages et les inconvénients de leurs choix.
Notre conseil d'administration, sensible à la remarque plusieurs fois formulées que l'adoption par des homosexuels relevait du seul pouvoir législatif, a décidé que nous communiquerions aux candidats à l'élection présidentielle les résultats de notre enquête, alors que nous demanderions aux candidats aux élections législatives de nous faire connaître, pour diffusion, leur position sur la question.
M. Chirac et Jospin se sont d'ailleurs exprimés à ce sujet, au cours des entretiens qu'ils ont accordés au magazine Têtu (Nº 66 d'avril), que son éditorialiste définit dans le même numéro comme « un journal destiné aux gays et aux lesbiennes ».
A la question « Pour quelles raisons, selon vous, les couples homosexuels seraient-ils moins aptes à élever un enfant que toutes les autres formes de famille (couple hétérosexuel, femme ou homme seul, etc.) ? »
M. Chirac a répondu : « Ce n'est pas une question de bonne volonté ou de capacité personnelle à élever un enfant, mais, selon moi, une donnée psychologique. Pour construire son identité, je pense que tout enfant a besoin d'une mère et d'un père, c'est-à-dire de références féminine et masculine. C'est donc une évolution à laquelle, personnellement, je ne suis pas favorable. »
Et M. Jospin : « Le droit de toute personne à avoir la vie sexuelle de son choix ne doit pas être confondu avec un hypothétique droit à l'enfant. Un enfant a droit à un père et à une mère [...] Le principe du refus de l'adoption pour des couples homosexuels est donc fondé sur l'intérêt de l'enfant et sur ses droits à avoir un milieu familial où il puisse épanouir sa personnalité. »
A la question « Quelle est votre position sur l'adoption par une personne célibataire ? » (1)
M. Jospin a répondu que le programme du parti socialiste selon lequel « l'orientation sexuelle ne doit pas intervenir dans les critères d'appréciation lors de l'examen d'une demande d'adoption par une personne de plus de 28 ans » lui « convient, les liens de filiation n'étant pas en cause dans cette procédure d'adoption », et qu' « il revient à notre pays d'engager un débat nécessaire afin de répondre à cette nouvelle question de société que constitue la demande d'adoption par des personnes homosexuelles ».
Et M. Chirac : « L'enfant peut mieux s'épanouir auprès d'une mère et d'un père. C'est ce modèle qu'il faut privilégier en matière d'adoption, dans l'intérêt de l'enfant. »
Les urgences pour la famille
La seconde série de questions portait sur l'ampleur des changements à effectuer pour la mise en œuvre d'une véritable politique familiale. Il était à cette fin proposé de dire pour les questions intéressant les familles, regroupées en quatre thèmes, comme indiqué ci-après, s'il convenait de rompre immédiatement avec la politique suivie actuellement (1), de l'infléchir progressivement (2) ou de se contenter de changements mineurs ou même du statu quo (3), compte tenu de l'état actuel de l'opinion.
L'interprétation des réponses présente deux sortes de difficultés :
Les premières tiennent au sens que l'on donne à la question. C'est ainsi qu'à la question sur la drogue, la même personne peut répondre (1) si elle se réfère à l'état présent de la législation, (2) si elle considère la façon dont cette législation est appliquée, et (3) si elle pense à la pirouette de M. Jospin, déclarant que mieux vaut consommer du cannabis chez soi que de l'alcool au volant.
Les deuxièmes résultent de ce qu'il est difficile de peser de la même façon ce qui heurte les convictions les plus profondes (la pédophilie, par exemple) et ce qui relève plutôt de la simple équité et de la bonne organisation de la cité comme le quotient familial.
Il convient donc de garder ces réserves à l'esprit en prenant connaissance des résultats, présentés dans la page qui suit, des réponses à un questionnaire diffusé à un nombre restreint d'exemplaires de façon à mettre au point celui que nous allons diffuser largement.
Résultats du test
Le tableau ci-dessous donne le classement des quatre domaines et pour chacune des urgences l'implication attendue des politiques. Il ressort en effet clairement des réponses reçues qu'il s'agissait de dire aux futurs élus ce que nous attendons d'eux : un changement déterminé et le plus rapide possible d'orientation ou des mesures progressives.
C'est ainsi que l'on peut comprendre le classement mettant en tête des urgences la lutte contre la drogue ou celle contre les prétentions de certains homosexuels à créer une famille, car cette lutte suppose une volonté politique, et à l'autre bout du classement de l'avortement et de l'euthanasie qui sont plus une affaire de morale et d'éducation que de décisions politiques.
Des autres urgences ajoutées par nos correspondants, et dont nous tiendrons compte dans la formulation du questionnaire définitif, celle du salaire et de la retraite de celles qui se consacrent à l'éducation de leurs enfants ressort le plus souvent.
Classement des urgences |
Demande d'implication des politiques |
Première urgence : Protection de l'enfance Adoption par les homosexuels |
Très forte |
Deuxième urgence : Statut de la famille Divorce par répudiation |
Moyenne |
Troisième urgence : Condition matérielle des familles Augmentation des allocations familiales |
Moyenne |
Quatrième urgence : Bioéthique Avortement |
Faible |
Si certains candidats évitent de rappeler au cours de leurs campagnes électorales que la famille est la cellule de base de la société, aucun de ceux qui ambitionnent d’être élus ne se risque à affirmer que la société peut très bien se passer de la famille.
Lettre N° 28 - Mars 2002