L’éducation affective et sexuelle, pour le meilleur plutôt que pour le pire !

Publication : dimanche 30 septembre 2018 19:57

com je taime

Sur fond de rentrée scolaire et en écho aux directives de nos ministres Marlène Chiappa, Jean-Michel Blanquer et Agnès Buzyn pour développer l’éducation affective et sexuelle du CM2 à la Terminale, Inès de Franclieu présente ci-dessous ses méthodes d’intervention dans les écoles et la formation d’animateurs ad hoc. Elle assure cette éducation affective et sexuelle, tournée vers la vie et vers l’amour, dans des conditions qui répondent aux questions légitimes des enfants et des adolescents tout en respectant leur intimité et leur sensibilité.

 

Cette expression de plus en plus utilisée par les parents et les éducateurs est somme toute relativement récente, et apporte à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Il y a une bonne nouvelle à découvrir combien expliquer le sens de l’altérité sexuelle, la transmission de la vie, l’amour, permet de faire grandir un enfant sereinement et participe à la construction d’un homme libre !

 

 

 

Il y a une mauvaise nouvelle à réaliser que tout beau message peut être falsifié, que ce qui construit peut aussi détruire, que la beauté peut être changée en laideur, que l’émerveillement peut devenir voyeurisme, que ce qui devrait rassurer peut véhiculer peur et dégoût !

 

 

 

Si de tout temps, il y a eu des parents qui ont su parler à leurs enfants de la beauté du corps sexué fait pour donner la vie, qui ont su parler de la vie qui jaillit de l’union des corps exprimant l’union des cœurs, en bref de l’amour, il faut admettre cependant que penser l’éducation affective et sexuelle est relativement récent. En effet, en raison sans doute d’un Jansénisme ambiant méprisant le corps et laissant planer le doute sur la sexualité, comme un mal nécessaire pour accroitre le genre humain, ce domaine de la sexualité est resté longtemps tabou.

 

 

 

Cette parole ajustée, qui s’interdit de dénigrer le corps, sans omettre de voir en toute personne un être de transcendance à laquelle participe la sexualité, demande vérité mais aussi délicatesse, explications biologiques sans doute mais surtout sens profond des actes posés.

 

 

 

La question suivante est de savoir si ce domaine de l’éducation affective n’appartiendrait pas en propre et uniquement à la sphère familiale. On pourrait être tenté de répondre par l’affirmative tant la sexualité fait partie de l’intimité de toute personne et touche sans doute à ce qu’il y a de plus existentiel.

 

 

 

Malheureusement, beaucoup de parents restent réticents à parler de ces questions avec leur enfant, se sentant souvent démunis face à ses questions, ne sachant pas comment aborder ce domaine ni quels mots utiliser, ils attendent une meilleure occasion et finissent par se sentir dépassés par le comportement de leur enfant devenu adolescent... En bref, le dialogue sur ces sujets n’existe pas ou très peu dans beaucoup de familles.

 

 

 

Par ailleurs tout parent expérimente combien il est bon d’être secondé dans sa tâche, en particulier à l’âge de l’adolescence, par des relais éducatifs qu’ils soient mouvements de jeunes, groupes paroissiaux, scoutisme, etc... Si l’école n’est pas d’abord un lieu d’éducation en tant que tel, mais le lieu de l’instruction, il n’en reste pas moins que le choix des parents se portera sur une école qui respecte au mieux l’éducation qu’ils donnent, afin que celle-ci soit renforcée et confirmée. L’école est donc concernée bien évidemment par l’éducation, et la majorité des projets pédagogiques souligne le souhait de l’établissement de faire grandir ses élèves dans toutes les dimensions de son être. Peut-on à ce titre omettre une éducation affective et sexuelle ? Il me semble que non !

 

 

 

De plus, aujourd’hui, l’évolution des moyens d’informations nous presse à rétablir la vérité sur la sexualité. Nous n’avons plus le choix si nous voulons apporter une réponse et tenter de contrecarrer le lobby monstrueusement puissant et destructeur des promoteurs de contenu à caractère pornographique, touchant et abimant gravement nos enfants, et ce de plus en plus jeunes.

 

 

 

La question n’est donc pas de savoir s’il faut une éducation affective et sexuelle à l’école, au collège ou au lycée, mais bien plus comment l’aborder, quelle parole apporter et à quel âge, afin de construire au mieux nos enfants.

 

 

 

Commencer dès l’école primaire ? N’y aurait-il pas alors un risque à faire perdre une certaine innocence aux enfants qui n’en auraient jamais entendu parler ? Un adulte parlant de sexualité aux enfants ne donnerait-il pas une autorisation implicite aux enfants à parler entre eux de tout cela ? Ne faudrait-il donc pas attendre au moins l’adolescence ?

 

 

 

Les chiffres sont alarmants : 80% des garçons sont exposés à la pornographie avant l’âge de 14 ans, 50% avant l’âge de 12 ans 1

 

 

 

 

 

 

 

1 Halte au porno, Olivier Florant, Éd. du Cerf.

 

 

 

Ouvrons les yeux !

 

 

 

La « reproduction humaine » fait partie du programme de CM2...

 

 

 

Par ailleurs, nos enfants évoluent aujourd’hui dans un monde hyper sexualisé. S’il n’y a plus de tabous, il y a sans aucun doute un voyeurisme ambiant qui met à nu ce qui devrait être de l’ordre de l’intime. Ce voyeurisme est bien plus grave encore lorsqu’il s’agit d’une sexualité violente, totalement dé-corrélée de sentiments, comme l’est la pornographie. Ce qui a été vu à la maison ou dans la rue, est rapporté à l’école. Les cours de récréation deviennent par le biais de portables avec accès internet, donnés à des enfants de plus en plus jeunes, des lieux d’expérimentation (70% de la pornographie vue par les mineurs passent par le téléphone portable), il n’est pas rare qu’une fellation soit monnayée dans les WC par des enfants de CM2.

 

 

 

En collège et au lycée, le noble souci d’enseigner aux jeunes le fonctionnement du corps sexué et d’expliquer l’amour, s’est malheureusement bien souvent limité à une prévention sanitaire dont le seul but est d’éviter les MST (Maladie Sexuellement Transmissibles) et les grossesses précoces ou non désirées. On ne parle que du corps et on a tendance à réduire la personne à ce corps. Réduisant la personne à un corps et ainsi aux pulsions du corps, la sexualité est présentée comme un passage obligé, une technique de corps qui doit être la plus performante possible, pour procurer un maximum de plaisir. Masturbation, expériences sexuelles multiples et pourquoi pas une certaine forme de pornographie sont alors justifiées ; la pression du groupe est implacable. La grossesse devient un drame à éviter coûte que coûte. Ce sera possible grâce à l’explication de tous les moyens de contraception.... C’est ce que dénonce violemment Marianne Durano dans son livre « mon corps ne vous appartient pas ! 2» Elle nous le dit dans un cri qui en dit long « Les tracts, les séances d’éducation sexuelle, les teen movies, le guide du zizi sexuel : j’ai eu droit à tout. A 16 ans, j’ai pris la pilule comme nous toutes. A 17 ans j’ai perdu ma virginité : c’est la moyenne nationale. J’ai enchainé les conquêtes, les amours et les coups d’un soir, les hormones et les pilules du lendemain [...] Et pourtant j’étais soumise. Soumise au désir masculin, puisqu’il faut être désirable, soumise au pouvoir médical, puisqu’il faut être disponible. Désirable et disponible, sur le marché de l’emploi comme celui du sexe. Autrement dit : stérile »

 

Du coté des pouvoirs publics, Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, a expliqué sur RMC qu’à partir de la rentrée 2018, elle allait « envoyer une circulaire à tous les recteurs de France pour qu’ils mettent en œuvre une loi qui existe déjà et qui est peu appliquée, qui demande qu’il y ait trois séances par an d’éducation à la vie sexuelle et affective ». Mais que sera cette « éducation à la vie sexuelle » ?

 

 

 

2 « Mon corps ne vous appartient pas: Contre la dictature de la médecine sur les femmes » ed. Albin Michel

 

 

 

Où est passé l’amour ?

 

 

 

Il y a URGENCE. Dès le plus jeune âge, nos enfants sont en mal de vérité, car la sexualité n’est pas qu’une question de corps. Il faut aller leur dire en fin de primaire - début de collège que ce corps sexué est fait pour un jour exprimer l’amour et ainsi parfois donner la vie, réconcilier corps et cœur, sexualité et vie. L’anthropologie leur expliquera ce qu’ils sont vraiment : un corps bien sûr mais enveloppe visible des dimensions invisibles que sont l’esprit et le cœur. Trois dimensions que l’on ne peut séparer et qui vont donc interagir. Ce que je fais avec mon corps va toucher à mon cœur... ce que je regarde par mes yeux du corps peut faire du bien à mon cœur quand je regarde quelque chose de beau et de grand, mais peut aussi terriblement abimer mon cœur quand c’est violent, vulgaire, voir pornographique. Je peux donc faire mal à mon cœur par mon corps.

 

 

 

L’esprit me permet de guider le corps afin de ne pas devenir esclave de ce corps. Je peux devenir dépendant des envies du corps. Réfléchir aux envies du corps, être maitre de soi rend libre...

 

 

 

Il y a urgence de permettre à l’enfant de s’émerveiller de ce corps fait pour aimer, lui faire saisir combien l’amour est ce qu’il y a de plus précieux dans la vie car source de bonheur. Quand l’enfant pourra poser un regard admiratif sur ce corps dont il a compris la finalité, il sera prêt alors à s’investir dans le respect de son propre corps et de celui des autres. C’est ce que l’on appelle la pureté... Prendre soin de ce corps sexué, c’est à cet âge stopper les moqueries, les propos vulgaires en cour de récréation, c’est apprendre la maitrise du regard, etc...

 

 

 

Pour beaucoup d’enfants dont le cœur a déjà été blessé par des images avilissantes, des propos violents et donc mensongers, ces interventions pourront les rassurer sur la vérité de la sexualité : langage du corps qui dit combien on s’aime.

 

 

 

Quant aux plus grands (fin de collège - lycée), combien ils ont besoin d’entendre parler d’amour et non pas simplement de sexe et de danger. Leur dire qu’il ne s’agit pas de SE protéger de l’amour, mais DE protéger l’amour comme un bien éminemment précieux... Il y a là, me semble-t-il, une vraie urgence qui s’apparente à de l’aide à personne en grand danger !

 

 

 

Cette anthropologie est encore nécessaire à la compréhension de ce que nous sommes pour faire émerger chez le jeune ce qu’il veut vivre, ce à quoi son cœur profond aspire. A nous adulte de le guider sur ce chemin escarpé de la construction d’un amour source de bonheur, c’est à dire un amour durable. Chaque rupture amoureuse porte en elle une blessure du cœur dont la cicatrice met du temps à s’estomper et met à mal le bonheur.

 

 

 

Il est tellement important pour nos jeunes, de découvrir combien la différence est source de richesses. La différence des corps sexués permet l’union et peut donner la vie. Reconnaitre la différence de nos psychologies hommes-femmes, reconnaitre la différence de nos attentes affectives permettra de vivre de la richesse de la complémentarité.

 

 

 

La plupart de nos jeunes sont « en chasse » cherchant un partenaire possible (la pression du groupe est implacable) ... Qu’il est important de leur faire comprendre que l’amitié est le socle de l’amour ! l’amitié en effet permet de connaitre la personne en vérité, avec ses qualités et ses défauts, et donc de se choisir un jour, en toute connaissance de cause. Vivre l’amitié entre garçons et filles demande une forme de silence : taire à l’autre le sentiment naissant pour le laisser murir ou mourir. Combien d’histoires amoureuses en moins et donc de larmes en moins si par prudence on n’avait pas encore dit. Le silence est la garantie de la liberté pour observer l’autre tel qu’il est vraiment, sans se laisser aveugler par le fait de se savoir aimé, sans se laisser enivrer par des corps qui commencent à se donner. Le plaisir attire car il est immédiat, mais le bonheur se construit et donc demande du temps.. Faire réfléchir nos jeunes à l’amour qu’ils veulent vivre, c’est leur donner les clefs d’un bonheur à construire, qui nécessitera de renoncer librement à certains plaisirs immédiats.

 

 

 

Com’ je t’aime

 

 

 

Dans cet esprit, et forte d’une expérience de plus de 750 interventions dans les écoles pendant plus de 10 années j’ai décidé avec mon mari de créer l’association Com’ je t’aime pour porter une parole de beauté sur le corps sexué et sa finalité : l’amour. Nos intervenants, formés à la pédagogie Com’ je t’aime ont ainsi une double mission : l’une auprès des enfants et des jeunes, par des interventions adaptées à chaque âge pour susciter chez eux un regard d’admiration sur la sexualité, langage du corps qui dit combien on s’aime en vérité à condition de respecter son corps et celui des autres.

 

 

 

L’autre, auprès des parents et des éducateurs, par des conférences qui leur donneront les clefs d’un dialogue juste, respectueux et adapté à l’âge de leurs enfants. Des ateliers de formation approfondie complètent le programme de base, pour ceux qui veulent être encore mieux armés pour répondre aux questions des jeunes confrontés à un monde hyper sexualisé et bien souvent à la pornographie.

 

 

 

N’ayons pas peur, nous parents, éducateurs, intervenants ! Soyons des guides de haute montagne, les jeunes sont prêts à suivre celui qui montre le chemin vers la cime d’où la vue est magnifique ; c’est exigeant certes, mais surtout exaltant ! Vous trouverez plus de détails sur notre mission sur notre site www.comjetaime.com. N’hésitez pas non plus à venir vous former pour rejoindre notre équipe d’intervenants (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

 

 

Inès de Franclieu

 

Administrateur de Famille et Liberté

 

Et Fondatrice de Com’ je t’aime