Homophobie France 2004

Publication : mardi 2 octobre 2012 13:36

Homophobie 2004 France

Tel est le titre du recueil publié, sous le nom du docteur Serge Simon, par les éditions Le bord de l’eau, après le « mariage de Bègles ». Environ deux cents messages sélectionnés parmi « quelque quatre mille lettres, fax, emails, photos reçus à la mairie de Bègles » critiquent l’initiative de M. Mamère et deux l’en félicitent.

Dans son avertissement l’éditeur précise : « Il ne s’agit, en effet, en aucun cas d’un ouvrage de délation, tout au plus avons-nous voulu montrer les formes diverses, mais aussi, banalement répétitives, que la haine peut revêtir. »

Il s’agit bien en effet de montrer, comme le titre du livre l’indique sans ambiguïté, des exemples d’homophobie, passibles des tribunaux, si le législateur en décidait ainsi. Cet ouvrage préfigure donc les actions en justice que pourraient entraîner de la part de M. Mamère ou de toute association ad hoc les textes publiés par le docteur Simon.

Ces textes sont présentés sans ordre apparent, l’éditeur prévenant que si : « Certains thèmes semblent avoir beaucoup inspiré : la zoophilie, et bien entendu la scatologie. Nous avions envisagé de regrouper ces documents par thème : Bestiaire, Déviances, Mystiques, Sida, Violents, Victimes. Ou encore : déshonneur de la République, Visuels. »

Cette énumération incohérente de mots dépouillés de leur sens ne peut en effet permettre d’établir un quelconque classement. Il y a pourtant plusieurs grilles d’analyse possibles des critiques contenues dans ces correspondances :

Les auteurs de ces messages n’ont-ils pas plutôt voulu signifier de cette façon à M. Mamère leur désapprobation d’un comportement dont le Garde des Sceaux a déclaré qu’il appelait une sanction exemplaire ?

Une des critiques sur ce point est que les homosexuels ne contribuent pas au renouvellement des générations. En d’autres termes : « Toutes les fois qu’on peut dire d’un état de vie quel qu’il puisse être, si tout le monde embrassait cet état, le genre humain serait perdu ; il est démontré que cet état ne vaut rien, et que celui qui le prend nuit au genre humain autant qu’il est en lui. » Cette citation n’est pas tirée de Homophobie 2004, mais de L’Homme aux quarante écus de Voltaire.

Une autre critique consiste à affirmer que l’homosexualité a contribué au développent de la pandémie du Sida ? C’est une réalité incontestable quand elle est associée à la sodomie ou à l’échange de seringues (alors que l’homosexualité féminine est infiniment moins risquée que l’hétérosexualité), est-ce une preuve d’homophobie ?

Reste enfin le ton de certains messages, bien éloigné du ton de celui auquel nous venons de faire référence. Il ne m’a pas paru aller au-delà de certains messages adressés à Famille et Liberté quand nous avons appelé à signer la pétition lancée par M Muselier, à l’appui de la proposition de loi tendant à interdire l’adoption par des homosexuels qu’il avait signée avec près de trois cents autres parlementaires.

Si ce livre est révélateur de la façon dont ses concepteurs entendent mener la chasse aux « homophobes », si la loi la déclare ouverte, il reste malheureusement muet sur les enseignements qui pourraient être tirés de l’ensemble des messages, en tant que reflet, déformé, de l’opinion : combien de manifestations de soutien ou d’hostilité, au « mariage » homosexuel, à la méthode Mamère et, dans chaque cas, la proportion de ceux qui de déclarent homosexuels ou hétérosexuels ?

Mais ce silence n’a rien d’étonnant : dans cette affaire comme dans celle des études sur les enfants d’homosexuels ou dans celle de la réforme des programmes scolaires pour prendre en compte l’homosexualité, l’émotion est préférée à la raison.

Janvier 2005