Chiffres concernant le SIDA

Publication : mardi 2 octobre 2012 07:13

Réflexions à propos de quelques chiffres concernant le sida

1) D'après le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 24, 10 juin 1996, près de 20 millions de personnes ont été affectées depuis le début de l'épidémie. En 1989, en France on comptait 3000 cas de sida maladie et environ 30 000 sujets séropositifs. Depuis le début de l'épidémie, 41058 cas (40425 adultes et 633 enfants) ont été enregistrés jusqu'au 6 mars 1996. Parmi ces cas 62,2% sont connus comme étant décédés. Le nombre total des cas de sida depuis le début de l'épidémie est estimé à entre 47000 et 51 500 et le nombre de décès entre 30400 et 32 300. En effet, beaucoup de cas ne sont pas déclarés et le délai entre le diagnostic et la notification des cas n'est souvent pas donné.

Le nombre de personnes vivantes en France actuellement atteintes de sida maladie est estimé entre 16600 et 18500 au 31 mars 1996. Le nombre de séropositifs, toujours en France, serait situé entre 120 000 et 200 000. Ajoutons que les deux tiers de ces cas concernent des hommes de 25 à 34 ans, et que la grande majorité des sujets atteint vivent dans la région parisienne, la région lyonnaise et la Provence. Ces chiffres sont bien entendu un minimum, puisque faute de dépistage systématique, on ignore le nombre exact. Il s'avère toutefois que l'épidémie en Europe n'augmente pas de façon dramatique alors qu'elle explose en Afrique et en Extrême Orient.

2) On sait aujourd'hui que l'on peut diviser environ par trois les risques de contamination du fœtus par une mère séropositive si celle-ci est immédiatement traitée. On passe en effet de 25 à 8%. Cette notion d'un traitement efficace devrait, en toute logique, faire reconsidérer le problème du dépistage obligatoire chez les femmes enceintes.

En juin 96, l'American Medical Association qui avait pris la même attitude que le gouvernement français, vient de modifier son point de vue et recommande de rendre obligatoire le dépistage du sida en début de grossesse.

3) Le traitement par tri thérapie, mis en place depuis un an, améliore nettement et prolonge la vie des sujets atteints d'un sida évolutif. Malheureusement, on ne peut encore parler comme certains optimistes n'hésitent pas à le faire, d'une transformation du sida en maladie chronique. Cette notion d'efficacité au moins relative de la thérapeutique incite en tout cas à reconnaître le plus précocement possible la contamination puisque, d'après un rapport récent du professeur Jean Dormont, cette tri thérapie serait d'autant plus efficace qu'elle serait mise en place plus précocement.

Par ailleurs, ce résultat thérapeutique indiscutable a eu pour conséquence, prolongeant la vie de ces sujets, de diminuer l'année dernière, le nombre de morts. On est passé en effet de 5800 en 1994 à 5400 en 1995. Mais il faut bien savoir qu'on ne fait ainsi que reculer les échéances, sans éradiquer la maladie. Il est curieux et même inquiétant de constater que les organismes officiels, le ministre de la santé, les associations, ont utilisé ces statistiques pour proclamer que l'épidémie était désormais maîtrisée. On a parlé d'une diminution du pourcentage d'augmentation du nombre des sidéens, notion transformée rapidement par les médias en diminution de l'épidémie. Cette présentation optimiste ne reflète pas exactement la réalité des faits alors que l'on assiste à une augmentation progressive du nombre de sujets hétérosexuels contaminés.

4) L'utilisation des préservatifs est toujours recommandée sans réserve par le ministère de la santé et les associations de lutte contre le sida comme s'il s'agissait d'une protection absolue contre la maladie. En dépit des rapports de l'Académie de médecine, ceux du 20 juin 1995 et du 4 juin 1996, les spots publicitaires à la télévision et dans les journaux, financés par les pouvoirs publics, continuent à présenter le préservatif comme le seul moyen d'éviter le sida.

"Quel souvenir garderez-vous de vos vacances ? (Le sida) ? Mais grâce au préservatif, j'en serai protégé." Thème de la campagne de vacances dans la métropole.

Depuis le 14 novembre 1996, une autre campagne se développe dans les DOM -TOM "Grâce au préservatif, une personne peut aimer, être aimée et être séropositive". Malheureusement et, comme d'habitude depuis dix ans, rien n'est dit du degré de la protection obtenue, celle-ci ne dépassant pas 90%.

C'est toutefois le chiffre qui est donné pour la première fois dans une brochure toute récente "Le préservatif" publiée par Info Sida Service.

Tout cela est désolant alors que l'on sait clairement aujourd'hui que les risques en particulier lors de la sodomie, des premiers rapports sexuels et des infections vaginales chez la femme sont particulièrement élevés.

5) Le rapport de l'Institut national d'études démographiques (INED), de janvier 1996, indique que les transmissions d'origine inconnue sont passées de 3% en 1994 à 10% en 1995. Devant ces chiffres le docteur Le Prévost, fait les remarques suivantes :

"Étant donné que les campagnes d'information n'ont cessé de préciser de façon répétitive les différents modes de contamination et le moyen de s'en protéger, le taux de contamination d'origine inconnue aurait donc dû logiquement baisser. Or, il n'en est rien. Malgré les vigoureuses et redondantes campagnes d'information éliminant la possibilité d'une aggravation de l'ignorance. Il ne reste alors que deux explications possibles, aussi dramatique l'une que l'autre, soit la possibilité de contamination par d'autres portes d'entrée que la voie sanguine ou la pénétration sexuelle jusqu'ici seules admises, soit que le préservatif, même utilisé sans faille, laisse persister sur une dizaine d'année un risque de contamination d'origine inconnue de l'ordre de 10%. En tous cas, il devient évident que le message officiel de prévention, irréprochable sur le plan quantitatif puisqu'il est diffusé très largement, comporte des dangereuses erreurs quant à la qualité de son contenu.

A l'appui de cette conclusion, il faut remarquer que ce sont les journalistes, les artistes et les membres des associations qui sont chargés ou se chargent de diffuser l'information. Ils sont à priori les mieux informés. Or se sont justement, toujours selon I'INED, ces catégories sociales là les plus touchées, comme si les méthodes qu'elles préconisent et qu'elles s'appliquent certainement à elles-mêmes les exposaient en fait plus que les autres.

Comment faire, se demande le docteur Le Prévost pour que "les recommandations du professeur Montagnier, le rapport du 20 juin 95, ne restent pas lettre morte alors que chaque jour des dizaines de Français, rassurés par le message officiel, sont mortellement contaminés au cours de rapports sexuels protégés, non protégeants".

6) D'autres chiffres méritent être portées à la connaissances des contribuables que nous sommes, surtout à un moment où l'on cherche partout à faire des économies. Nous donnons, ci-joint, la photocopie du Journal Officiel du 22 février 1996 émanant du ministère de la santé publique, n° 30111. A la question posée par M. Pierre Rémy Houssin, demandant à Mme le ministre de la santé publique et de l'Assurance maladie de vouloir lui indiquer la somme des subventions allouées par son ministère aux associations de lutte contre le sida. On trouvera en annexe la liste des associations subventionnées en 1995 et les sommes reçues.

Cette lecture apporte quelques surprises. Faut-il également rappeler que le ministère de la santé a attribué l'année dernière une somme de 300 000 F à la fille d'un artiste parisien pour que celle-ci ouvre une petite boutique de vente de préservatifs aux environs de la Sorbonne. On ne peut que s'interroger sur cette politique de subventions à ces associations dont une grande partie des activités consiste à promouvoir l'emploi des préservatifs alors que, par ailleurs, on dépense 7 milliards pour le traitement du sida. Cela ressemble beaucoup à l'histoire du sapeur Camembert où l'on déploie beaucoup d'énergie à creuser des trous que l'on s'efforce de reboucher aussitôt.

7) Quelques notions enfin sur la charge virale.

Pour dépister le sida il existe deux procédés. Le premier, le plus courant et le moins coûteux consiste à mesurer la séropositivité des sujets. Les techniques mesurent les anticorps développés vis-à-vis du virus du sida, anticorps insuffisants malheureusement pour arrêter la maladie, mais permettant de savoir si le sujet a été contaminé. Ce développement des anticorps demande plusieurs semaines. Il peut donc se passer en moyenne deux mois entre la contamination et l'affirmation d'une séropositivité. Or il existe des méthodes plus élaborées mettant en évidence cette fois non pas les anticorps développés par l'individu, mais le virus lui-même (ou plus exactement le pro virus) ceci dès le premier jour de la contamination. Cette mesure de la charge virale a pris une grande importance depuis un ou deux ans. Elle permet de connaître l'intensité de la contamination et ainsi, dans une certaine mesure, de faire un pronostic évolutif. Si l'on détermine simultanément le nombre des lymphocytes CD4 qui sont des cellules immunitaires protectrices et dont le nombre diminue progressivement à mesure que la maladie s'installe, il est possible de prédire l'évolution de la maladie. "Le développement de la maladie ressemble un peu à une catastrophe ferroviaire annoncée. La charge virale représente la vitesse du train, le nombre de cellule CD4 marquant la distance du lieu de la catastrophe. On sait aujourd'hui ralentir le train, mais il nous reste à découvrir le moyen de l'arrêter et de lui faire faire marche arrière" (Science 1996, 272 p.1124-1125, Elisabeth Bursaux). Ajoutons que la résistance d'un individus vis-à-vis du VIH dépend de très nombreux facteurs: intensité de l'infestation initiale, état actuel de la résistance immunitaire, rôle de la dénutrition dans l'extension du virus d'où l'importance d'une bonne nutrition permettant de mieux résister à la maladie et donnant aux médicaments administrés la possibilité d'avoir leur maximum d'efficacité. Il semblerait enfin qu'un très petit nombre de sujets soit tout à fait résistants, cette résistance étant d'origine génétique.

Toutes ces notions chiffrées sont nécessaires mais ne changent en rien les règles de prévention développées dans les deux rapports le 20 juin 1995 et le 4 juin 1996 par l'Académie nationale de médecine.

On peut se procurer ces rapports et leur commentaire en demandant la brochure: Le sida: propagation et prévention publié par les Éditions de Paris, 7 rue de la Comète, 75007 Paris.