Dépistage du SIDA

Publication : mardi 2 octobre 2012 07:10

Dépistage du sida

L’Onusida vient de publier son rapport 2010 sur la pandémie du sida dans le monde. Le rapport fait apparaître une baisse des infections nouvelles, avec 2 700 000 cas, et des décès, au nombre de 1 800 000.

Ces résultats ne justifient pas cependant l’opinion des commentateurs qui y voient le commencement de la fin de l’épidémie. En effet, les progrès constatés sont dus au développement de la prévention et à l’amélioration de la couverture médicale, en Afrique noire, région la plus touchée du globe. Par contre le rapport fait le constat que la pandémie reste « obstinément stable »  en Amérique du Nord et en Europe « malgré l'accès universel au traitement, aux soins et au soutien ».

C’est au contraire à un meilleur accès aux soins, particulièrement pour les enfants de mères séropositives, qu’est due l’amélioration de la situation en Afrique, alors que l’accès universel déjà acquis au traitement, aux soins et au soutien que connaissent l’Amérique du Nord et l’Europe n’ouvre pas de perspectives d’améliorations.

http://issuu.com/unaids/docs/unaids_globalreport_2010

L’Institut national de veille sanitaire et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé ont publié les données sanitaires du sida pour la France, en 2010.

Cinq millions de tests ont été effectués, nombre stable depuis 2006. 6 200 personnes ont appris leur séropositivité à la suite de ces tests, dont 2 500 hommes contaminés par des rapports homosexuels et 3 600 personnes par des rapports hétérosexuels, dont 2 500 nées à l’étranger, en majorité des femmes d’origine subsaharienne.

Un test de dépistage généralisé de la séropositivité a été réalisé dans des services d’urgence d’Ile-de-France, région métropolitaine la plus touchée par l’Agence nationale de recherche et de lutte contre le sida (ANRS) et Sidaction auprès d’environ 13 000 personnes.

Le test a donné des résultats positifs pour 18 personnes, dont sept hommes homosexuels et dix hétérosexuels, en majorité des femmes, originaires d'Afrique subsaharienne.

Ce résultat met en évidence que le dépistage généralisé qui a les faveurs des pouvoirs publics, au motif qu’un dépistage ciblé sur les populations à risque serait discriminatoire et contraire aux droits de l’homme, est à la fois inutilement coûteux et inefficace.

Les populations à risque qu’il ne faut pas « stigmatiser » sont naturellement les premières victimes de cette politique. Dans le cas des étrangers par exemple, le test de leur séropositivité lors de leur entrée sur le territoire permettrait de les soigner plus efficacement que lors d’un contrôle plus tardif. Les traitements sont en effet d’autant plus efficaces lorsqu’ils sont mis en œuvre peu de temps après la contamination.

L’ « exceptionnalisme », stratégie qui a les faveurs des politiques des pays occidentaux a rompu avec les techniques traditionnelles de contrôle sanitaire des maladies infectieuses au nom des libertés individuelles.

Kevin de Cock, spécialiste reconnu en matière de sida, déclarait il y a quelques années : « il est pratiquement certain qu’une approche exceptionnaliste de la prévention du VIH ne serait pas appliquée aux Etats-Unis ou en Europe si une épidémie aussi sévère que l’épidémie africaine se développait en population générale ». Puisse-t-il être entendu !

http://www.vih.org/depistage-vih-en-finir-avec-lexceptionnalisme

Lettre N° 67 – Décembre 2011

 

 

Vaccin contre le sida

Merckx a mis fin aux essais d’un vaccin contre le sida, car 24 des 741 personnes du groupe qui l’avaient reçu avaient été infectées par le VIH contre 21 personnes sur 762 du groupe ayant reçu un placebo.

Dans Le Monde du 23 septembre, Jean-Yves Nau commente cette information en écrivant que :

« Comme dans tous les essais cliniques de ce type les responsables avaient, pour des raisons éthiques, expliqué que le fait de participer à cette recherche ne devait aucunement conduire à un relâchement vis-à-vis des méthodes de protection, à commencer par l'usage systématique du préservatif lors des relations sexuelles. Pour autant rien ne permet au promoteur de l'essai de savoir si ses recommandations sont en pratique suivies ou si le fait d'être "vacciné" conduit à une modification de comportement. »

Ce commentaire en appelle deux autres :

Le premier est que, dans les essais de ce genre, les participants, en l’occurrence des homosexuels ou des prostituées, ne savent pas s’ils sont « vaccinés » ou s’ils reçoivent un placebo. Il est donc étonnant que la seule perspective d’avoir une chance sur deux de recevoir un vaccin à l’essai les aient fait renoncer aux mesures de protection qu’ils pouvaient prendre.

La seconde est que, puisqu’une telle hypothèse est prise au sérieux par un journal lui-même sérieux, il est particulièrement irresponsable de la part des pouvoirs publics de présenter le préservatif comme une protection « fiable » alors que, l’étude faite par Famille et Liberté sur la politique de prévention du sida concluait qu’il était efficace cinq fois sur six, donc inefficace une fois sur six, estimation que la Direction Générale de la Santé à qui nous l’avions communiquée, n’a pas contredite.

Lettre n°51 – décembre 2007